Logement
Certaines opérations sont la preuve que le temps de l’architecture est un temps très long.
Dans cette réalisation, sept années séparent l’esquisse du premier coup de pioche. La difficulté pour l’architecte est de croire en son projet et de le défendre auprès des différents opérateurs tout en arrivant à trouver un équilibre financier à l’opération. Au fil des études, les parcelles s’ajoutent, certaines disparaissent et à chaque fois une nouvelle proposition est faite et doit recevoir l’assentiment de chacun : Maître d’ouvrage, Élus locaux, Services de la Ville, Architectes des Bâtiments de France... Á titre d’exemple, 4 opérateurs différents se sont succédé sur cette opération.
Ce montage repose sur deux problématiques majeures, tout d’abord, l’unité foncière du projet est composée de trois terrains distincts avec trois propriétaires différents (La ville de Paris, la ville de Charenton-le-Pont et un particulier). La seconde contrainte, plus complexe, est que le terrain d’assiette du projet est réglementé par trois zones de 2 Plans Locaux d’Urbanisme différents : UG pour la partie Paris, UC et UA pour la partie Charenton. Chaque zone ayant son propre Coefficient d’Occupation des Sols - le fameux COS - ses hauteurs de construction, ses emprises au sol.... Ajoutons, pour le défi, qu’une partie du terrain est inconstructible du fait de sa proximité immédiate au Bois de Vincennes, une bande de 10m non aedificandi est imposée le long du boulevard de Gravelle côté Charenton-le-Pont.
Cette opération est donc le résultat d’un long travail en étroite collaboration entre Maître d’oeuvre, Maître d’ouvrage et les Services de la Ville afin de marquer l’entrée de la ville de Charenton-le-Pont et celle de Paris par un « bâtiment-signal ». Celui-ci doit répondre aux attentes de ces deux villes et de leurs ABF respectifs en termes d’architecture.
Cette réalisation symbolise la modernité de la ville, tout en s’intégrant aux bâtiments existants, aux écritures carrées... Avec un arrondi sur l’angle, reprenant la rotonde lui faisant face, le bâtiment peut rappeler deux « sentinelles » en faction à l’entrée de la ville. Aux précédentes contraintes, se sont ajoutés la proximité immédiate du périphérique et ses problèmes acoustiques. Nous proposons de réduire ces nuisances par la création de jardins d’hiver pour chaque logement. La proximité du métro et ses vibrations possibles nous ont également contraints à préconiser un système de « boîtes à ressorts » antivibratoires.
Le linéaire de façade est traité par une variation de séquences horizontales et verticales. Enfin, l’utilisation de volets en bois coulissants rend le mouvement plus aléatoire.
Côté Bois le retrait du bâtiment permet d’avoir un jardin coloré créant une transition entre l’immeuble et le Bois de Vincennes.
Côté périphérique, la façade se protège des nuisances grâce à un « bouclier jardin », comme un voile qui se développe sur l’ensemble de la façade apportant un jeu d’ombres et de perspectives depuis le périphérique. L’élégance de la pierre du rez-de-chaussée est complétée par la chaleur du bois utilisé avec parcimonie sur les balcons et en partie sur la façade. Un soin particulier a été apporté à la question énergétique qui, malgré les contraintes techniques, atteint le label BBC. Une fois le chantier terminé, cette résidence comprendra 67 logements en deux cages sur trois niveaux de sous-sol.
PROGRAMME :
67 logements
Maîtrise d'ouvrage :
Ogic
Maître d'oeuvre :
Patrick Corda Architecte
Surface SDP :
4 000 m2
Montant travaux :
6 930 000€
Date :
2014
Angle avenues de Gravelle/de Paris
Charenton-le-Pont - France